Article par Alizé Monod
Concurrencer la Nature ? Hélène Weber collabore avec elle. Avec respect, elle s’en approche, s’en inspire, l’admire. Elle parle de ses voyages. Elle décrit la roche, l’eau ; « l’eau qui irrigue, la pluie, le corps qui comporte une arborescence de capillaires » : ses propos traduisent la verticalité ruisselante de sa dernière série (2014-2015). Les coulures – processus lent et silencieux dont on déchiffrera ensuite la chronologie comme on le ferait avec un Pollock – plongent l’artiste dans l’introspection, « pour ensuite aller vers autre chose qui nous sort de notre état méditatif.» Ces densités flottantes contrastent avec la volubilité de ses travaux plus anciens (2008), résultat de l’immédiateté du geste qui rappellerait un Twombly pastel et agité.
C’est qu’il s’agit, pour Hélène Weber, de capter un moment, un mouvement, une impression. Des réminiscences, aussi. Cette « sorte de vibrations » qui l’interpelle et qu’elle dépose sur la toile – ce savon savamment mélangé à l’acrylique, témoin de l’écume d’un port portugais. Mais si l’artiste interprète la nature, elle en fait aussi le médium de ses travaux. Les cendres – souvenance d’un séjour en Islande – s’offrent comme esquisse d’un estuaire. Cendres, mais aussi craie, verre, encre, bitume : chez Hélène Weber, le végétal et le minéral oscillent entre objet et sujet.
L’artiste dompte les quatre éléments dans ce qu’elle nomme « paraboles », ces sculptures parfois concaves, souvent convexes : « cette matière en fusion, cet effondrement, quelques trous, l’humanité est passée par là. » Hélène Weber est elle- même partie intégrante de ce dialogue qu’elle entretient avec ce qui l’entoure, cette réflexion sur la place qu’elle occupe. Le miroir est d’ailleurs un élément récurrent de son discours artistique, présent notamment dans une installation hybride, rencontre entre le minéral et le digital. On en est là: à mi-chemin entre la pratique canonique et l’expérimentation, à la frontière entre le monde et son envers à la fois histologique et métaphysique.