livres d’artiste

A l’inverse de l’espace « mental » que propose le poème , afin d’éviter une illustration décorative ou anecdotique, ma proposition vise plutôt une – mise en scène spatiale- une expérience visuelle et tactile à la fois.

Une frise à deux faces, un « Leporello » . Le livre se déploie en accordéon sur une longueur de 230 X 30 cm et se manipule dans les trois dimensions, offrant ainsi de nouveaux espaces de lecture….

Le poème de Th. Raboud est imprimé sur papier calque. L’immatérialité de la pensée poétique est suggérée par la translucidité du support. Ce dernier, laisse entrevoir le doux papier Népal retravaillé en technique mixte (encre-cire) .

Le recto du « Leporello » reprend la notion des – Terres déclives – ces terres abruptes valaisanne par ailleurs Terre natale du poète dont les ruissellements fréquents dévoilent un itinéraire visuel , une partition faite d’entrelacements de traces et d’empreintes successives .

Technique mixte , Bitume, cendres de bois, sables , pigments et colle sur carton.

L’anthroposphère aujourd’hui est une notion qui vise à tisser des liens entre les différents impacts de notre civilisation sur notre environnement ( climat, biodiversité, ressources). L’antopocène dont parle Thierry Raboud dans son poème sous-entend une époque géologique qui aurait débuté quand l’influence de l’être humain sur la géologie et les écho-sysèmes est devenue significative à l’échelle de l’histoire de la Terre « .

Un instant de grâce ! En le touchant, tant de questions de découvertes en devenir surgissent en un instant. Par son poids, son odeur, sa texture, je fais l’expérience spatiale d’une sorte de « cathédrale de sens ». Des lumières et des sons s’y réverbèrent et me submergent. D’un geste instinctif, je fais défiler les pages d’où des bribes de phrases saisies au vol s’accrochent à mon regard. Une interrogation s’impose : ce papier sur lequel se couchent les mots, comment et de quoi est-il fait ? De pulpe de bois, de plantes récoltées, cuisinées et pétries, finalement façonnées en feuilles. Un savoir-faire qui remonte si loin que l’oeil, habitué ne prend plus garde à sa texture. Ce papier en tant que tel a perdu de sa substance symbolique. Devenu support, il s’efface au profit d’un texte, d’une histoire virtuelle qui désormais apparaît sur ces feuilles blanches avant d’être stockés dans un « nuage » immatériel communément appelé « cloud ».

Désormais à l’ère de l’anthropocène, la préservation du règne végétal devient primordiale. L’oxygène, cet élément chimique sans lequel nous ne serions ni artistes, ni écrivains ou penseurs, le monde végétal nous l’assure abondamment. Cette « cathédrale de verdure » s’impose comme être le SENS de notre survie d’humains responsables.